Yannick Bernede, né en 1981, vit et travaille à Paris. Après une enfance dans le sud ouest marquée par l'omniprésence de la nature et la perte de sa mère, il réalise un cursus en arts plastiques à l'université de la Sorbonne avant de s'orienter vers le graphisme.

En marge du milieu artistique, il réalise de 2007 à 2013 le projet programmatique Les Veilleuses, sous le pseudonyme Luc R, visant à explorer la notion de mémoire et la fictionnalisation du vécu qu'elle sous-tend.

En 2012 il délaisse son travail de directeur artistique pour le cinéma d'auteur et entre en master de recherche à la Sorbonne. Il s'intéresse alors au concept d'esthétique disparitionniste chez Paul Ardenne et interroge la disparition comme sujet et moyen de la représentation.

De 2014 à 2016, c'est à travers ce prisme qu'il va questionner l'esthétique du rêve globalisé et la fabrication du réel que génère les réseaux sociaux. Ce travail, salué lors du Salon de Montrouge en 2016, sera par la suite délaissé au profit d'une peinture plus intime, plus assumée, qui questionne la matérialité de l'existence.

Depuis 2014, Yannick Bernede se consacre à sa démarche et à l'enseignement.

«Je veux peindre l’existence, en chercher l’essence. Mais comme l’eau dont la surface sans cesse se dérobe, l’existence se teint d’insignifiances : attentes, latences, instants qui à peine vécus déjà s’effacent. Pour tendre vers l’archaïque de nos vécus, de nos sensations, je me déleste de la narration comme du symbolique. Je ne raconte rien : ni récit, ni démonstration, ni même souvenirs passés. Ce qui m’intéresse se loge en deçà des mots, uniquement.

Le choix de la nature s’impose à moi, perpétuelle confrontation de l’homme à sa propre finitude. A l’échelle d’une année comme d’une vie. La nature est sans projet, si ce n’est survivre, persister. Je ne peins pas la nature des grands espaces, celle de la grandeur ou du sublime. Je peins la nature de la ville, celle où j’habite, où j’erre, celle qui pousse et résiste dans les interstices.

Je sillonne les rues, les parcs, amassant des centaines d’instantanés de fruits, feuilles, arbres, reflets... Mais ces polaroids ne sont pas une fin en soi, plutôt un support, un fil conducteur. La peinture s’en libère par ses écarts, n’en gardant que les masses et les contrastes. Contenue et violente, elle déploie son langage, rejouant l’existence sur la surface de la toile.

Je ne cherche rien à affirmer, juste à montrer, révéler tout au plus. Je peins ce que l’on ne peut comprendre. Je peins l’inéluctable.